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Comme bien souvent, lorsqu'un appareil ne répond pas tout à fait aux attentes, il y a toujours une "communauté underground" pour régler le problème. Le hacking existe depuis toujours, soit avec des puces, soit avec des boitiers spéciaux (toujours non-officiels ça va de soi) ou plus récemment avec des flashages. Dans tous les cas, le monde un peu obscur du "modding" a toujours existé. Mine de rien, lorsque dans notre Super Nintendo française on plaçait des adaptateurs double-cartouches afin de pouvoir jouer aux jeux imports (pour moi c'était R-TYPE III, Biometal et Samuraï Spirits entre autres exemples ^_^), et bien dites-vous qu'en un sens, vous faisiez déjà du modding. Vous aviez un pied dans le doux monde du hacking, à savoir que vous faisiez quelque chose qui n'était pas autorisé, vous contourniez les règles établies, et parfois même à l'occasion, la loi.
La NES Mini est comme toutes les autres consoles rétro de ces dernières années : un univers fermé ! Pas de fente pour carte SD, pas de port USB et bien entendu, encore moins de port cartouche. Heureusement, un certain ClusterM a trouvé la faille de la NES Classic Mini et la célèbre mini-console n'aura pas mis longtemps à être hackée. A ma connaissance, il n'existe qu'un seul logiciel pour craquer la console de Nintendo : Hakchi 2. Le développement de ce programme fut abandonné par son créateur en juillet 2018 mais fort heureusement pour nous, après plusieurs mois sans activité, une nouvelle équipe (la Team Shinkansen) a repris le flambeau et a sorti Hakchi 2 CE.
Avec Hakchi vous allez pouvoir enfin remplir la mémoire de votre NES Mini ! Le programme commencera par flasher le Kernel de la console et on aura ensuite environ 300 Mo d'espace libre. Etant donné que nous pouvons compresser les ROMs au moment du chargement, il est facile d'implanter plus de 400 jeux (car rappelons que les jeux ne font jamais plus de 512 Ko, on en est même loin).
Par contre je tiens à vous prévenir tout de suite, étant donné que les jeux sont émulés via le code écrit par Nintendo, privilégiez les ROMs provenant des secteurs NTSC... à savoir américain et japonais (qui étaient tous deux en 60hz). Certaines ROMs européennes, voire française, peuvent fonctionner correctement, mais ça reste rare. Généralement, un jeu d'origine 50hz (comme par exemple Astérix en version française) aura des bugs comme des sauts d'image mais aussi et surtout, des coupures et des désynchro du son. Autant dire que ça devient vite impraticable.
En privilégiant les jeux 60hz, vous aurez accès à une immense ludothèque (tout en anglais ou en japonais) car ils ont eu le plaisir de recevoir bien plus de jeux que nous, les européens, dernière roue du carrosse (et si le marché n'était pas aussi porteur, qu'il n'y avait pas tant d'argent à s'y faire, je parie qu'aucune console ni aucun jeu ne seraient sortis chez nous). Après, pour certains titres, il y a la barrière de la langue mais si on met de côté les jeux d'aventure et les RPGs (trop narratifs), ça ne pose finalement pas trop de problème, le niveau d'anglais étant généralement "scolaire" et facilement compréhensible (ceux qui ont fait espagnol ou allemand en LV1... dommage ! ^.^).
Evidemment ici je ne vous donnerai aucune adresse : si vous voulez savoir comment craquer votre console (tuto), où trouver des ROMs et comment patcher vos jeux... dites vous que Google sera (encore une fois) votre meilleur ami. Ce n'est pas mon but, je suis juste là pour vous dévoiler les possibilités de cette console.
Avec Hakchi 2 CE, vous aurez quelques fonctionnalités supplémentaires, comme classer les jeux dans des dossiers (pratique lorsqu'on a 200 titres en mémoire). Le logiciel nous permet de configurer le nom des jeux, l'ordre de tri mais aussi d'y adjoindre des pochettes personnalisées (des images qui, elles aussi, seront compressées afin d'économiser un maximum de place sur la mémoire interne). Tout ceci est possible car la console est alimentée via un port USB type mini-B et la console dispose d'un mode programmation, au cas où il faudrait corriger certains bugs. C'est ici que ClusterM s'est engouffré dans la brèche. La plupart des jeux fonctionnent, même ceux qui ont des spécificités techniques particulières, comme ces jeux qui utilisaient des contrôleurs de gestion mémoire (également appelés des "mappeurs"), utilisés dans certaines cartouches pour étendre la capacité de la console, comme c'est le cas de Super Mario Bros 3 par exemple.
A côté de ça, on parle d'une NES et à l'époque les développeurs n'avaient ni les moyens ni les capacités technique d'implanter des puces très évoluées, comme nous le verrons sur Super Nintendo avec ses SuperFX, SA-1 ou CX4... Rien de tout ça ici, si la NES utilise quelques ficelles de programmation et que certaines cartouches étaient un peu plus complexes que d'autres, au fond dites-vous qu'on parle d'une console 8-bits née en 1983. Il n'y a rien d'extravagant, on reste sur une console tout à fait classique que le moteur d'émulation fera tourner comme un charme.
Les dernières versions d'Hakchi 2 CE permettent d'adjoindre une clé USB via un adaptateur OTG (contraction de "On-The-Go"), si jamais vous trouvez que l'espace mémoire interne ne suffit plus (pour un "full set NTSC" de plusieurs centaines de jeux, malgré un intérêt limité, ça peut être utile). En effet, la mémoire interne suffit amplement à intégrer votre propre liste de jeux mais l'une des dernières nouveautés, c'est que Hakchi permet aussi d'implanter d'autres "cores" sous RetroArch (que les possesseurs de Raspberry Pi connaissent sans doute très bien). L'hardware de la console est tellement performant, qu'il sera alors possible de jouer aux jeux Mega Drive, GBA, Nintendo 64, PlayStation et dernièrement Neo-Geo ! Et oui, rien que ça !
Du coup c'est sûr, les 512 pauvres Mega-Octets de la console seront vite pleins, d'où l'intérêt de passer sur un support externe. Personnellement, j'estime qu'une NES ne doit faire que des jeux NES et donc (pour moi) la mémoire interne a amplement suffi : il me reste plus ou moins 100 Mo (environ 1/5 de l'espace mémoire) alors que j'ai rajouté près de 150 jeux ! Pour ce qui est de faire fonctionner les jeux des autres supports, je possède aussi les Super Nintendo Mini, Mega Drive Mini, PlayStation Mini, PC-Engine Mini et Neo-Geo Mini... ainsi à chaque set de jeux sa console, pas de mélange. ^_^
RetroArch permet même de supplanter le "Core" de la console et d'émuler sous d'autres cœurs d'émulations les ROMs désignées... des ROMs PAL 50hz par exemple. Voilà une bien bonne nouvelle, même si la procédure est plus complexe que le simple ajout de jeux. Dans ce dernier cas (le simple ajout de jeux), on reste sur l'émulation de base de la NES Mini, avec son interface, sa musique qu'on ne peut toujours pas couper et ses save-states via le bouton Reset. Et oui, tous les jeux ajoutés fonctionnent exactement comme ceux d'origine, sauvegardes incluses. Ceci dit j'aurai vraiment apprécié que Hakchi soit plus personnalisable avec par exemple une autre interface, plus intuitive ou plus compacte, l'ajout de codes Action Replay ou encore l'ouverture d'un sous-menu via la combinaison Start + Select, ce qui nous aurait permit de faire une save rapide sans passer par le bouton Reset. C'est mon plus grand regret envers la fonction de base d'Hakchi : il ne permet que d'ajouter des jeux, pas grand chose de plus.
Par contre, en faisant fonctionner ses jeux sous RetroArch (via les modules complémentaires - qui ne sont pas si simples à installer et à faire fonctionner mais ce "travail" s'avère particulièrement payant, vous allez comprendre pourquoi) nous avons accès à des dizaines de supports compatibles : Amiga, Atari ST, Atari 2600, Atari Jaguar, 3DO, PlayStation, Nintendo 64, Mega-CD, Intellivision, les 3 Game Boy, des systèmes Arcade, Vectrex, certains jeux sous DOS, PC-Engine, ZX Spectrum et NES bien entendu (je vous conseille d'éviter les systèmes trop gourmands tels que la DreamCast, la Saturn ou la PSP car l'hardware risque de vite montrer ses limites, contentez-vous des supports de 3e et 4e Génération, et des jeux en 2D).
C'est pas moins de 70 machines (vous avez bien lu !) qu'il est possible d'installer sur sa console (et même RPG Maker, une folie :) et pour se faire, je vous conseille alors d'investir dans un câble OTG (ça coute moins de 10€) et dans une bonne clé USB (idem, moins de 10€ les 32 Go) afin d'avoir l'espace d'installer des centaines, voire des milliers de ROMs (plus de jeux qu'une vie entière ne pourra en tester !).
Mais le fin du fin, c'est qu'en installant RetroArch et en configurant chaque jeu pour qu'il se lance sur ce "Core" spécifique (dont les modules sont régulièrement mis à jour), vous pourrez palier aux plus gros défauts de la console. En effet, en pressant Start + Select, vous ouvrirez un menu d'émulation qui vous permettra de réaliser des save-states (sans se lever de son canapé ! ça a son importance), de changer les filtres graphiques, de faire un reset logiciel du jeu, des screenshots mais aussi de tricher via les codes Action Replay et Game Genie.
Vous l'aurez compris, l'hardware de la NES Mini est suffisamment costaud pour faire tourner la plupart des jeux en 2D : Super Nintendo, Mega Drive, Neo-Geo, Mega-CD et autres micro-ordinateurs type Amiga ne lui poseront aucune difficulté. Le souci, c'est la manette ! Avec seulement 2 touches d'action, émuler une console qui possède plus de touches va rapidement poser un gros problème de compatibilité. Et nous l'avons vu, les manettes compatibles sont finalement peu répandues. Mon conseil est alors de se cantonner aux machines descendantes. Par exemple, votre NES Mini pourra très bien accueillir l'entière ludothèque de la PC-Engine puisque les manettes disposent de l'exact même nombre de touches.
Mieux encore, les Atari 2600/7800, Master System, Game Boy, Game Gear et certains jeux d'Arcade qui n'utilisent pas plus de 2 touches seront parfaitement accueillis. De mon côté, étant donné que j'ai déjà une Super Nintendo Mini et que les 2 consoles partagent le même hardware, j'ai eu l'agréable surprise de m'apercevoir que les pads SNES Mini fonctionnent parfaitement sur NES Mini. Dans ce cas-là, ne vous limitez plus aux vieilles machines, votre NES Mini pourra émuler tous les supports de la 1ère à la 4e Génération, puisque la Super Nintendo était (en son temps) la console disposant du plus de touches sur son pad (2 touches de gestion, 2 gâchettes et 4 touches d'action).
Enfin, contrairement à la Super Nintendo Mini, qui était assez frustrante en ne proposant que des jeux en anglais alors que certains titres comme Zelda III était originellement traduits en français, quasiment aucun jeu NES ne fut jamais traduit dans notre langue (en fait il en existe mais ils étaient vraiment très peu nombreux : Astérix, McDonald Land, Shadowgate, Defender of the Crown, Les Schtroumpfs, Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende d'Or, DuckTales 2, Dragon Ball : Le Secret du Dragon et quelques rares autres - bien souvent des jeux développés en Europe, voire même en France). Maintenant, grâce au modding de la console et à l'installation de n'importe quelle ROM, vous allez pouvoir accéder à tout un tas de jeux traduits. Bien entendu je vous déconseille les jeux en 50hz, qui ont tendance à buguer sur le Core d'origine (avec RetroArch, ça ne posera pas de problème), mais il est facile de trouver des ROMs NTSC 60hz dont les textes furent traduits en français.
Pour ça vous avez 2 solutions : soit vous rendre sur les sites de Terminus Traduction, TRAF ou Romhacking pour télécharger des patches de traduction à appliquer manuellement par vos soins, soit directement trouver des ROMs sous forme de pack (archive), où généralement vous trouverez toutes les versions existantes, des bootlegs (versions modifiées) ainsi que des éditions traduites par de valeureux volontaires qui ont voulus rendre le jeu plus accessible et plus compréhensible. D'ailleurs je les félicite chaleureusement pour le travail accompli car c'est grâce à eux que j'ai pu découvrir certains titres qui, avant ça, n'étaient qu'en anglais voire qu'en japonais (exemple : Wonder Boy VI, Ecco the Dolphin 1, pratique si on a paumé le carnet de traductions, DuckTales, Chakan, Golden Axe Warrior ou encore Wonder Boy III).
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