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Abordons à présent le cœur de notre Bartop Unico / SNK Neo-Geo MVSX. Au final, que peut-il bien y avoir à l'intérieur de la bête, pour qu'elle nous fasse rêver de la sorte ? Comment se fait-il que l'alimentation ne fournisse que 3 Ampères alors que derrière il y a un écran, 2 haut-parleurs, un fronton lumineux et tout un système à alimenter ? Et puis on ne va pas tourner autour du pot, comment tourne l'émulation ? Car c'est un fait, si la Neo-Geo Mini était mignonne comme tout, derrière elle accusait de nombreuses erreurs de conception. On pourrait entre autre citer le fait que sur écran TV l'image n'était pas nette (c'était légèrement flou, preuve d'un upscaling mal géré) et surtout, le système était faiblard. C'était déjà voyant sur le petit écran de la mini borne, mais alors sur le grand écran du salon, c'était flagrant : le système avait tendance "à tousser" (micro saccades), il y avait des latences et parfois même des freezes d'une demi-seconde. Franchement, ça la foutait mal.
Je ne sais pas si SNK a rectifié le tir sur les modèles les plus récents (moi j'ai testé le tout premier, en version occidentale) mais le résultat final ne faisait pas très sérieux, il n'était pas vraiment digne de la réputation d'un SNK unanimement apprécié. Ceci dit il y avait une raison technique à tout ça : la faiblesse de son Hardware. En effet par souci d'économie sans doute, SNK nous a proposé un système ne disposant que d'un processeur mono-core. Alors certes, la RAM était généreuse (1 Go) mais il est clair que ça manquait de vélocité. Le système était "trop juste" pour émuler de la Neo-Geo, qui reste malgré tout l'un des plus performants supports 16-bits de son temps. Là où les Mega Drive et Super Nintendo Mini dispose de SoC survitaminés à 4 Cores, les constructeurs sachant pertinemment que "qui peut le plus, peut le moins", de son côté SNK a joué les petits bras et les conséquences furent assez décevantes (non je n'irai pas dire désastreuses non plus). Mais bon, nous ne sommes pas là pour dresser le procès de la Neo-Geo Mini, mais bien pour savoir si SNK a pris leçon de ses erreurs.
Comme je l'ai déjà dit, après avoir passé quelques jours sur mon Bartop à l'observer gentiment de l'extérieur, j'ai commencé à me demander qu'elles améliorations j'allais bien pouvoir lui apporter. Et puis je suis de nature curieuse, il fallait donc que j'ouvre la bête et qu'elle me dévoile ses entrailles ! Je voulais vous dévoiler certains détails du Bartop dans le chapitre dédié au modding, mais finalement je vais évoquer certains pans de mes découvertes ici, notamment parce qu'uniquement parler de la carte mère du MVSX aurait donné un chapitre bien trop court. Comme je l'ai déjà évoqué, le Bartop a été construit à base de panneaux en MDF, ce qui lui confère un certain poids et surtout une certaine solidité. Une qualité de fabrication rassurante, qui cette fois, respecte l'image qu'on a de ce constructeur historique (même si pour ça, il faut plus féliciter Unico que SNK). Notez que je n'incite personne à démonter sa machine, surtout si elle est sous garantie ! Et puis à moins de vouloir la modifier par vous-même, l'ouvrir n'a au final aucun intérêt. Contentez vous de mes images, vous verrez, elles vendent du rêve. ^.^
Pour démonter son Bartop, il suffit d'ôter les caches en plastique rouge, qui masquent les têtes de vis. A l'avant, 4 vis à gauche et 4 vis à droite, maintiennent fermement le panel où sont fixés les sticks et les boutons. Plutôt bien construit et clairement conçu pour être modifié (au besoin), le panel a été construit pour être pivoter sur lui-même à plus de 90° (les fils sont suffisamment longs pour ça justement), laissant largement entrevoir son câblage.
Première surprise, tout n'est pas relier directement à la carte mère, puisqu'en fait, tout est centraliser sur une carte fille. Carte mère et carte fille communiquent ensuite via une simple nappe à 16 broches. Cette nappe, tout droit sortie de l'univers du PC, est très facilement détachable, donc vous pourrez littéralement désolidariser votre panel de la borne. Ainsi vous serez plus à l'aise pour travailler dessus (par exemple pour changer les boutons).
Sous ce panel, on s'aperçoit qu'Unico ne s'est pas foutu de nous pour les sticks, qui sont d'excellente qualité. Idem pour les boutons qui, sans être une grosse marque, sont aussi de bonne facture. Le tout provient de chez Baolian, un constructeur chinois qui fabrique des tas de pièces, dont des boutons et des sticks Arcade, avec un rapport qualité/prix très convenable. Après bien sûr, les gros consommateurs ou les fanatiques vont rapidement changer tout ça pour du Sanwa (la référence dans le milieu de l'Arcade) ou du Hori Hayabusa, mais honnêtement, ce qui est proposé dans ce Bartop est déjà de bonne qualité, pas besoin d'investir d'avantage.
Dans tous les cas, si vous voulez quand même faire ce genre de modifications, sachez que ça n'a rien de sorcier, le montage est très classique et n'utilise que des vis conventionnelles. Idem pour les boutons, qui sont classiquement tenus par de larges écrous en plastique. Remplacer tout ça vous demandera plus de patience et de minutie qu'autre chose. Quand aux "restrictor gates" des sticks, ils sont relativement faciles à changer, puisqu'ils ne tiennent que via 4 clips.
Pour en revenir à la carte fille qui est directement fixée sous le panel, elle est donc le second pôle de ce système MVSX. Je n'ai pas cherché à savoir qu'elles puces animaient cette petite carte, mais il est clair que c'est elle qui gère l'affichage des 2 compteurs digitaux, du volume sonore ainsi que de l'amplification audio (le potentiomètre de volume et les sorties haut-parleurs sont reliés ici). Et bien entendu, c'est elle qui gère les 16 boutons ainsi que les 2 sticks, avant de traiter et d'envoyer le signal à la carte mère. Franchement, il serait malhonnête de ne pas dire que c'est du beau matos, très bien conçu. Dernier point, c'est aussi sur ce panel qu'on retrouve nos 2 haut-parleurs de 6 cms et d'une puissance honorable de 5 Watts, protégé par des filtres anti-poussière. Si vous voulez améliorer la qualité du son, je vous conseille simplement de les remplacer par des haut-parleurs 2 voies de même dimension. Vous verrez, ça apporte déjà un gros plus dans la restitution du sonore.
On passe maintenant à l'arrière, on démonte le panneau noir et voilà que la face cachée de l'écran qui se dévoile. Comme on peut l'apercevoir sur les photos, l'écran aurait pu être plus gros, à minima un 19 pouces, vu toute la place qu'il reste. Mais bon, on ne va non plus se plaindre, ce 17 pouces reste malgré tout un choix très pertinent. En bas (au pied du Bartop en fait) un petit panneau tient en place les 3 éléments visibles de l'extérieur : bouton POWER, port USB et port d'alimentation. De l'autre côté du miroir, on s'aperçoit que l'ensemble est directement relié à la carte mère, carte qui est encapsulée dans une cage faraday fixée au dos de l'écran. Là encore c'est un peu étrange comme façon de faire mais ça reste tout à fait fonctionnel, donc pourquoi pas. Notez au passage que le bouton POWER est (comme sur la Neo-Geo Mini) un véritable interrupteur bistable, à savoir que lorsqu'on appuie dessus, il coupe réellement le courant à sa source. Je précise ce détail car sur la plupart des consoles Mini ce n'est pas le cas et mettre le bouton sur OFF ne fait qu'engager une procédure d'extinction du matériel et non la coupure franche du courant (c'est un "soft power off").
Autre détail intéressant, le port USB est à la norme 2.0. Le port USB est soudé sur une petite carte mais le signal transite via une petite rallonge, qui est d'abord connectée à un autre port USB Type A et ce, des 2 côtés. Autant de connectique pour ça, sérieux moi ça me défrise ! Il aurait été tellement plus simple d'installer une autre petite nappe type PC (quitte même à ce qu'elle soit blindée), car là, entre le cordon est les 3 ports USB, je ne suis pas étonné que bien souvent, ça cafouille. Dernier point avant d'ouvrir le bloc de la carte mère, l'alimentation du fronton passe justement par ce boitier. Le fronton est ensuite alimenté par un nouveau câble avec au bout une classique prise d'alimentation. Le tout fonctionne en 12 volts et l'éclairage est à base de LEDs.
Ça y est, le moment fatidique de découvrir la carte mère est arrivé. Pour ça il suffit de s'occuper des 2 petites vis à gauche et à droite du boitier, et voilà que le bloc est enfin libre. Enfin libre... si on veut car le signal de l'écran est directement relié à cette toute petite carte. Il faut donc délicatement libérer les câbles de leur logement. Bien que très compacte, cette carte mère est superbement conçue. Le signal vidéo passe par un port GPIO, on voit d'un côté l'alimentation principale, et de l'autre celle de l'écran et celle du fronton. Et n'oublions pas notre petite nappe qui sert de communication avec la carte fille du panel avant. 4 puces principales animent tout ça, avec bien entendu le gros SoC en plein milieu, de la RAM et une puce de mémoire flash pour le stockage des données. Nous allons évoquer tout ça en détails.
Cette fois encore, SNK a fait confiance à Actions Semiconductor (un fondeur de puces chinois) pour lui fournir un SoC qui sera la principale pièce de sa carte mère. Ainsi donc, le cœur même du système n'est autre qu'un Actions ATM7051H, un Soc qui contient un ARM Cortex A7 à 4 cœurs, cadencé à 1 Ghz, couplé à un GPU (processeur graphique) PowerVR SGX544MP cadencé à 450 Mhz. Ce SoC a été conçu en 2016, il est gravé en 28 nm et c'est une version un peu moins évoluée du 7059 (qui utilise des cœurs Cortex A9). Le SoC est prévu pour fonctionner avec de la DDR3, sur un bus "dual channel" de 64-bits. Il gère aussi le stockage, 2 ports USB ainsi que l'affichage, via un canal HDMI. Le ATM7051H est intimement lié au ATC2603C, dont il partage le datasheet. En fait, ils sont complémentaires car l'un fait ce que l'autre ne peut pas faire.
Le Actions ATC2603C est une puce qui assure 2 fonctions principales : la première est de réguler le courant transitant sur la carte mère, évitant ainsi toute fluctuation de tension ou d'intensité, auxquels les CPU sont très sensibles. Ensuite, c'est un DSP audio couplé à un amplificateur. C'est donc lui qui produit les sons (mais il n'alimente pas directement les haut-parleurs du Bartop puisque le micro-ampli est sur la carte fille). Un bus permet de faire transiter le signal audio numérique, du ATC2603C vers le ATM7051H, afin que le son arrive jusqu'au port HDMI (bien qu'il ne sert pas ici). Notez que ce jeu de puces est également utilisé dans le SNK Arcade Stick Pro et qu'il est bien plus performant que le ATM7013 de la Neo-Geo Mini. Donc oui, SNK a bel et bien pris leçon de son erreur passée.
Du côté de la RAM, j'avoue que le site officiel m'a un peu mis le bourdon, car il est spécifié qu'elle n'est que de 256 Mo (une info ensuite relayée par beaucoup de sites). Franchement je trouvais ça abusé d'avoir si peu de RAM, surtout sur un système qui est censé émuler de la Neo-Geo dont certaines ROMS décompressées, sont particulièrement volumineuses. C'est bête à dire mais un King of Fighters 2003 (la plus grosse cartouche officielle du support) c'est pas moins de 716 Mb sur la balance, ce qui fait tout de même près de 90 Mo ! Si on ajoute à ça le système d'exploitation, le core d'émulation, les filtres, etc... franchement 256 Mo ça me paraissait vraiment juste. D'autant plus que la Neo-Geo Mini disposait déjà de 1 Go, tout en étant pas fameux. En fait, ça m'a paru bizarre cette histoire, alors j'ai pris des photos de ma carte mère et j'ai commencé à fouiner. Résultat, les mecs qui ont fait le site officiel du MVSX sont de vrais guignols qui n'y connaissent sans doute rien, puisqu'en réalité c'est 8 x 256 Mo qu'il y a comme volume de RAM, ce qui donne un confortable 2 Go ! Ah oui, là on est bon, là ça commence à sérieusement me parler et ça me redonne le sourire. ^_^
Pour ça il existe 2 modèles de puces monobloc, soit du Samsung K4B2G1646F (présente surtout sur les premiers modèles) ou alors du Zentel A3T2GF (sur les modèles suivants, sans doute moins cher). Pour rappel cette RAM est de type DDR3 mais je n'ai pas réussi à savoir à qu'elle fréquence elle moulinait. Ceci dit je le répète, cherchez sur Internet, consultez des datasheets... c'est bel et bien une RAM de 2 Go, qu'elle soit signée Samsung comme Zentel. Enfin côté stockage, nous avons 8 Go de Mémoire Flash type eMMC, avec d'un côté du Samsung KLM8G1GETF (sur les premières versions) et de l'autre du Kingston EMMC08G-T227 (sur les modèles ultérieurs - cette fois on y perd pas vraiment au change).
Tout ça forme une très belle carte mère, avec un espace de stockage très largement suffisant (je dirai même que 4 Go auraient largement suffit pour à peine 50 jeux). Nous avons également une grosse RAM qui garantit une bonne fluidité mais aussi et surtout un CPU quad-cores bien musclé, histoire que l'émulation soit tout simplement parfaite. Car oui, je n'ai pas besoin de vous expliquer que sur ce type de produit, on parle bien entendu d'émulation. C'est logique et surtout plus pratique, car c'est grâce à l'émulation qu'on peut apporter des filtres graphiques ainsi qu'une sauvegarde rapide. Bref, on va tout remettre en place, refermer les panneaux, remonter les vis et au chapitre suivant, on va enfin parler en détails des 50 jeux intégrés. Allez, next !