Avant toute chose, sachez que dans les lignes qui vont suivre, nous n'allons que brièvement évoquer la gamme des Amiga (sans quoi il y aurait fallu des centaines de pages). En premier lieu, il faut savoir distinguer les modèles dit professionnels (les modèles 1000, 2000, 3000 et 4000 qui sont extrêmement chers) et les modèles dit grand public (couteux mais plus abordables). Etant donné qu'ici à GRAVITORBOX nous ne parlons que de jeux vidéo, ce sont logiquement les modèles grand public qui nous intéressent (nous écartons volontairement le CDTV, trop cher et qui ne dispose que d'une poignée de titres). Ainsi nous évoquerons l'irremplaçable Amiga 500, suivi du 500+, du 600, du 1200 pour finir avec l'Amiga CD32. Oui, l'Amiga CD32 n'était pas un micro-ordinateur mais une console, cependant on ne sépare pas les membres d'une même famille.
L'Amiga 500, équipé d'un second lecteur de disquettes et affichant son Workbench
Quand on parle de Commodore et d'Atari ST (le grand concurrent de l'Amiga), il y a un nom qui ressort, celui de Jack Tramiel. En 1954, lui qui était à l'origine réparateur de machine à écrire, il va racheter MOS Technology, qui a conçu le processeur 8-bits qui équipera bon nombre de machines : le 6502. A partir de 1976, Commodore devient une société maîtrisant toute la chaîne, depuis la recherche et la fabrication, jusqu'à la distribution. La société se rendra alors célèbre grâce à ses calculatrices électroniques, et toujours à la pointe de la technologie, en 1977 ils sortiront le Commodore PET 2001, le premier micro-ordinateur "tout en 1" de la firme. Il sera suivi par la gamme des CBM (3000, 4000 et 8000) jusqu'au milieu des années '80. En parallèle, Jack Tramiel estime que l'avenir est dans le marché domestique, et Commodore connaitra ses premiers gros succès auprès du grand public avec le VIC-20, lancé en 1981. Il sera suivi en 1982 par l'un des grands succès de la firme : le Commodore 64. En 1985, le Commodore 64 (aussi appelé C64) fut suivi du C128, qui prendra la forme assez commune des futurs micro-ordinateurs de la marque, à savoir le type "machine à écrire".

Coup dur pour la compagnie, entre temps Jack Tramiel quitte Commodore en 1984. Il rachète Atari à la Warner et lance en 1985 la gamme des Atari ST pour concurrencer l'Amiga. Car nous y voilà, le premier Amiga (l'Amiga 1000) fut lancé en 1985. Destinés aux particuliers comme aux professionnels, l'Amiga 1000 était performant mais couteux (environ 1300$), là où l'Atari ST coutait 500$ de moins (800$ sans écran). 2 ans plus tard (en 1987), Commodore lance ce qui sera son plus grand succès : l'Amiga 500 ! Bien que le chiffre soit moitié moins gros, le A500 (pour Amiga 500) profitait des mêmes performances mais pour un tarif plus abordable. Le A500 utilisait toutes les technologies modernes comme la capacité d'augmenter la RAM, un crayon optique, un joystick, une souris, un lecteur de disquettes, un port série, un port parallèle, 2 ports DB-9, une sortie pour prise péritel... autant dire qu'à la puissance s'alliait la polyvalence. Bien que cher (600$, alors qu'entre temps, l'Atari ST n'avait pour ainsi dire pas bougé niveau tarif), l'Amiga 500 était destiné à un public jeune et large. Et c'est bel et bien à partir de 1987, à la sortie de l'Amiga 500, qu'Atari et son 520ST va réellement entrer en conflit avec Commodore, que les 2 machines seront mises face à face, avec leurs défauts et leurs qualités. Et dire que derrière on retrouve d'une manière ou d'une autre Jack Tramiel...
Jack Tramiel, né en Pologne sous le nom d'Idek Tramielski le 13 décembre 1928 et mort à l'âge de 84 ans le 8 avril 2012 aux États-Unis. Sur cette photo il pose à côté de son Atari 520ST
Pour bien comprendre l'immense succès des micro-ordinateurs Amiga, il faut savoir qu'en 1987, à défaut d'un Amiga 1000 ou d'un Atari ST, le grand public se servait au mieux des MSX2 et Amstrad 6128, au pire de la pléthore de micros 8-bits qui ont envahis le marché. En mai 1987 débarque en Europe le fameux
Amiga 500 (5 mois avant les Etats-Unis) et en son sein, une véritable révolution ! En effet, on disait adieu aux poussifs processeurs 8-bits et tout le marché de l'informatique ouvrit grand ses bras pour accueillir le Motorola 68000. Ce processeur CISC est qualifié de 16/32-bits car tout ce qui fait sa force, sa puissance de calcul, c'est que, bien que foncièrement 16-bits, il est capable de traiter ses données internes en 32-bits.
Ainsi, bien exploité, ce CPU peut se révéler très performant. Ce sont ses caractéristiques et son prix qui feront en sorte qu'il sera absolument partout !! On le retrouve dans les ordinateurs, dans les calculatrices haut de gamme et il sera le roi du jeu vidéo, d'abord sur Arcade (Capcom CPS 1/2, SEGA System 16/18/24...), sur les micro-ordinateurs grand public (Amiga, Mac 512K, Atari ST, Sharp X68000, Silicon Graphic IRIS 1000), ainsi que dans les consoles (Neo-Geo, Jaguar, Mega Drive et Mega-CD). Autant dire que c'était un CPU extrêmement populaire et apprécié, facile à maitriser et qui délivrait des performances étonnantes pour un rapport puissance/prix (à l'époque) imbattable.
Le Motorola 68000, un puissant processeur 16/32-bits constitué de 68000 transistors (d'où son nom)
L'Amiga 500 proposait de base 512 Ko de RAM, ce qui était déjà conséquent à l'époque et permettait d'obtenir d'excellentes performances. Cependant une grande partie des utilisateurs augmenta cette RAM à au moins 1 Mo, et jusqu'à 8 Mo de plus en jonglant entre Slow RAM et Fast RAM (d'ailleurs, la plupart des gros jeux nécessitent d'avoir au moins 1 Mo de RAM). A côté de son CPU et de sa RAM évolutive, la grande particularité de la gamme Amiga c'est d'avoir implanté toute une batterie de co-processeurs visant à soulager le CPU central. Sur l'Amiga 500, ces co-processeurs sont réunis sous le nom de
OCS (Original Chip Set) et il réunit le DSP Paula (qui gère toute la partie audio), la puce Denise (responsable de la gestion de l'affichage, des couleurs et des résolutions) et enfin Agnus, qui contient en plus le Copper et le Blitter.
Agnus fournit les possibilités multimédia de l'Amiga, puisque c'est un DMA (Direct Access Memory) : il manipule la mémoire, qui peut être accédée par le processeur et les chipsets, et il synchronise la vidéo. Le Blitter est un coprocesseur très performant dans la manipulation de grands blocs mémoires. Il est dédié aux manipulations graphiques et à la création d'effets spéciaux (collisions, parallaxes, zooms ou encore les dessins vectoriels 2D et 3D comme dans Another World par exemple). L'utilisation du Blitter permet aux programmeurs de dépasser les capacités du processeur de sprites. L'utilisation des canaux DMA lui permet également d'accéder à la mémoire de façon indépendante du processeur principal, d'où l'extrême fluidité des scrollings multidirectionnels et des traitements vidéo (comme dans Shadow of the Beast par exemple). Toutes les puces additionnelles de l'Amiga furent développées par MOS Technology.
La carte mère de l'Amiga 500
(cliquez pour agrandir)
L'Amiga 500 utilise des disquettes au format 3"1/2 d'une capacité de 880 Ko, soit environ 7 Megabits. C'était suffisant en début de carrière mais rapidement les jeux ont pris de plus en plus de place et ont dû tenir sur plusieurs disquettes (2 à 5 en général). Notez qu'il existe un disque dur pour l'Amiga, dont la capacité était variable (jusqu'à 80 Mo). Bien que très cher, il accélère les transferts de données et surtout, il apportait un confort inestimable puisque les jeux pouvaient être installés dessus. Encastré sur le boîtier, le clavier mécanique possède une organisation intelligente des touches, séparé entre différentes zones, proposant même une croix directionnelle et un pavé numérique.
L'Amiga 500 était livré avec une souris à boule équipée de 2 boutons (pratique pour utiliser les logiciels mais aussi pour certains jeux type "point & click"). Le micro-ordinateur phare de la marque avait aussi un joystick officiel, à 8 directions mais avec seulement 1 seule touche d'action. Les choses s'amélioreront avec le temps, avec des joysticks à 2 "vrais" boutons, et même des manettes (joypad) mais on reste mine de rien assez loin du confort et de la précision des control-pads qui équipaient déjà les consoles 8 et 16-bits.
Un Amiga 500 équipé d'un disque dur
L'Amiga 500 était livré avec un système d'exploitation propriétaire (Kickstart et AmigaOS) et même une interface graphique appelée le Workbench. Bien qu'assez sommaire, le Workbench était assez similaire à l'interface du Macintosh et inspirera sûrement Microsoft pour son futur Windows. Sur Amiga on retrouve aussi un langage souvent apprécié, le BASIC, qui prendra alors le nom d'AmigaBasic. En tant que machine de jeux, l'Amiga aura eu beaucoup de mal à justifier son prix face aux consoles de salon (qui disposaient déjà de la TV familiale). L'Amiga 500 restait un produit pour joueurs fortunés, un appareil multimédia, bureautique et de jeux vidéo qui coutait extrêmement cher : 4.725 Frs (720€) sans écran et pas moins de 7.950 Frs avec un moniteur couleur (1.210€) !
Le pire c'est que face à ce prix assez prohibitif, dans l'unique prisme du jeu vidéo (bien qu'à l'image du PC il ne servait pas qu'à ça) les jeux n'étaient que rarement meilleurs face à leurs homologues sur les consoles 16-bits concurrentes. D'ailleurs, la puce audio Paula a mis longtemps avant d'être maitrisée et on ne compte plus les titres qui nous imposent de choisir entre musique et bruitages, Paula étant incapable de gérer les 2 simultanément, rendant (d'une manière ou d'une autre) les jeux bien "vides".
Voici les 2 modèles plus ou moins officiels de joysticks pour Amiga. Notez
qu'il n'y a qu'un seul bouton d'action (le modèle de gauche est en fait
ambidextre), ce qui limitera le gameplay de beaucoup de jeux
A la fin de l'année 1991 est apparu l'
Amiga 500+ et ce, pour 2 raisons : réduction des coûts de production et tentative de relance des ventes. C'était aussi un moyen pour Commodore d'apporter une nouvelle version de son système d'exploitation mais aussi de proposer un chipset plus évolué. Finalement ce que beaucoup ont pris pour une évolution mineure, était en fait un véritable palier dans la gamme. Dans les faits, le A500+ utilise la plupart des puces du A500, par contre il propose 3 évolutions majeures. On commencera par son Kickstart/AmigaOS (et son Workbench) qui ont été revus et corrigés, ensuite la RAM de base (toujours extensible) est passée de 512 Ko à 1 Mo, et enfin point notable, l'Amiga 500+ était livré avec un nouveau jeu de chipsets, le fameux
ECS (Enhanced Chip Set), remplaçant du classique OCS d'origine.
L'ECS incluait les puces Super Agnus (on parle aussi de Fat Agnus) et Super Denise, ce qui permit des améliorations techniques et graphiques. Si l'Amiga 500 fut lancé à un tarif assez prohibitif, le A500+ fut lancé au prix de 3.390 Frs (520€), une offre avantageuse d'autant qu'il n'y avait pas besoin de changer d'écran. L'Amiga 500+ chutera même rapidement à 2.990 Frs (450€), faisant de lui un micro-ordinateur performant (1 Mo de RAM de base + chipset ECS) à un prix raisonnable. Malgré tout, il est sorti dans l'anonymat le plus total et à cause du nouveau Kickstart (ici en v.2.04), quelques jeux très populaires ne fonctionnaient pas et beaucoup l'ont retourné au revendeur, en réclamant le Kickstart 1.3 original (celui de l'A500 classique).
L'Amiga 500+ et son Workbench 2.04
L'
Amiga 600 (A600), sorti en mars 1992, est le dernier micro-ordinateur dans la lignée directe de l'Amiga 500, puisque le modèle suivant (le A1200) proposera un hardware renouvelé. Le A600 est (pour l'essentiel) un A500+ compact. Le premier gros changement, c'est bien sûr la suppression du pavé numérique et la croix de direction qui est venue s'incruster en bas à droite du clavier (ce qui peut poser problème sur certains jeux). La 2e innovation majeure de l'A600 tient à son connecteur au format PCMCIA, bien connu dans le monde du PC. L'A600 utilisait toujours le même processeur, il disposait en standard de 1 Mo de RAM (cependant, beaucoup l'ont augmentée à 2 Mo) et il était équipé du même lot de chipset que l'A500+ (l'ECS). A noter qu'une fois encore, la puce audio Paula n'a pas vu ses caractéristiques changer.
L'Amiga 600, version compacte du A500+
En octobre 1992, après des mois de recherches et de développement, Commodore lance l'
Amiga 1200 (A1200), promis comme le renouveau de la gamme. Au niveau du look, forcément ça n'a pas beaucoup bougé. Au niveau des tarifs, bien que l'A1200 dispose de plusieurs nouvelles et performantes technologies, les prix restent finalement pas très éloignés de chaque line-up : 3.790 Frs (575€) pour le modèle de base. Si l'Amiga 1200 était présenté comme une petite révolution au sein de la gamme, c'est parce qu'il apporte un grand nombre de nouveautés et d'évolutions techniques.
La première d'entre elles est le changement de CPU, passant d'un Motorola 68000 (16-bits) à un 68EC020 (32-bits). En plus de passer à un CPU 32-bits, la fréquence d'horloge passe de 7 à 14 Mhz et il est équipé de 2 Mo de RAM de base (soit 4 fois plus que l'A500) sur un bus 32-bits. Comme d'habitude cette RAM (déjà confortable) peut être augmentée, via l'habituelle trappe sous la machine, qui utilisera le même bus (32-bits) ou via le port PCMCIA. Ce port PCMCIA Type II permet même d'adjoindre des cartes d'extension pouvant incorporer des accélérateurs à base de Motorola 68020, 68030, 68040, 68060 et même en fin de carrière, des PowerPC.
L'Amiga 1200, dernière évolution grand public de la gamme
Dernier point hardware et nette évolution en terme de puissance graphique, l'Amiga 1200 inaugura le tout nouveau chipset
AGA (Advanced Graphics Architecture), upgrade ultime du jeu de composants développés pour la gamme (aux Etats-Unis on parlera de "AA" pour "Advanced Architecture"). Bien qu'il garde sa rétrocompatibilité avec les anciens chipsets, le AGA signe une nette montée en termes de performances graphiques. Le nombre de couleurs affichables augmente significativement, tout comme la résolution maximale. Les puces Super Denise et Super Agnus furent remplacées par Alice et Lisa (on reste sur des noms de filles) et on retrouve nos vieux copains Copper et Blitter. Selon les estimations, l'Amiga 1200 est environ 4 fois plus puissant que l'Amiga 500.
Un nombre consistant de titres furent réencodés afin de profiter du regain de performances offert par l'A1200 : les jeux sont alors estampillés "
AGA only" et ne sont plus compatibles avec les anciens Amiga (faute du chipset adéquat). Enfin, dans le lot la fameuse puce Paula n'a pas changé... encore une fois. Malgré ses facultés un brin étranges dans le mixage de la stéréo, Commodore n'a pas jugé bon d'y toucher, ses performances et ses défauts restent dont inchangés depuis son lancement en 1985/87. De mon point de vue, c'était une erreur, je pense qu'une évolution n'aurait pas fait de mal, surtout lorsqu'on voit ce dont sont capables les DSP de la Neo-Geo et de la Super Nintendo.
Comparatif entre un même jeu version
OCS (à gauche) et AGA (à droite)
Côté logiciels, l'Amiga 1200 est fourni avec AmigaOS 3.0, offrant ainsi un Workbench 3.0 tout beau tout neuf. Etant donné que l'A1200 pouvait être équipé d'un disque dur, il dispose d'un "select boot" : à l'allumage, on peut faire apparaitre un menu permettant de désactiver le cache, de sélectionner le périphérique sur lequel on veut démarrer et de configurer les puces spécialisées (mode OCS, ECS ou AGA), afin d'obtenir la meilleure compatibilité possible. Au final, l'Amiga 1200 était réellement le renouveau de la gamme, le gain de performances était notable, la rétrocompatibilité a été améliorée, le micro-ordinateur était puissant, fiable, évolutif, faisant clairement de lui le meilleur numéro de la gamme !! Cependant il y a 2 points sur lesquels il pêche...
Tout d'abord on retrouve le même lecteur de disquettes, avec une capacité désormais ridicule d'à peine 880 Ko (alors que les disquettes "haute densité" de 1,44 Mo se sont déjà largement démocratisées), faisant que le moindre jeu ou programme tiendra irrémédiablement sur plusieurs disques. Ensuite, Commodore a choisi d'utiliser un Motorola 68EC020 (version un peu castrée du CPU), tout en le limitant à 14 Mhz. Augmenter la vitesse ne coute ne rien, il faut bien le comprendre ça et Commodore aurait dû le faire tourner à 20 ou 25 Mhz (une fréquence déjà valable à sa sortie).
Enfin dernier point, si le Motorola 68EC020 reste un performant processeur, son architecture CISC le limitera à la 2D. Certes il arrive à gérer de la 3D mais ça reste fastidieux, il n'est clairement pas étudié pour ça, contrairement aux architectures RISC qui équipent le PC Compatible. Heureusement pour l'Amiga et Commodore, les habitués étaient attachés à leur environnement graphique, aux capacités techniques de la gamme et l'Amiga 1200 a reçu un bon soutien de la part des développeurs, qui ont réalisés (comme évoqué) bon nombre de "remasters" qui ont tirés parti du fameux jeu de puces AGA, ainsi que du regain de puissance du processeur. C'est ce qui permit aux Amiga et à Commodore de "survivre" encore quelques temps...
Le "screen boot" de l'Amiga 1200 et son Workbench 3.0
Car depuis quelques années déjà, le secteur des consoles a le vent en poupe, c'est d'ailleurs en partie à cause de lui que Commodore ne cesse de perdre des parts de marché (l'autre moitié du gâteau étant croquée par ce PC de plus en plus performant et séduisant) alors Commodore s'est dit que réaliser une "vraie console" serait peut-être leur planche de salut. Les finances commençant à être dans le rouge et voulant jouer sa dernière carte, le constructeur décide alors de créer l'Amiga CD32, dont les spécifications techniques sont entièrement basées sur celles de l'A1200. L'Amiga CD32 (oui malgré son statut de console, on garde le nom "Amiga" qui reste évocateur pour beaucoup de monde, et le CD32 veut tout dire : y'a du CD-Rom et du 32-bits, c'est bien vu) sort en septembre 1993, et elle est la première console de 5e Génération à voir le jour.
L'Amiga CD32 avait (presque) tout pour réussir, déjà parce qu'à sa sortie elle était la plus puissante console du marché, bien plus que les machines 16-bits concurrentes. En premier lieu, elle utilise le fameux support CD-Rom, offrant la capacité de 730 disquettes Amiga !! Elle est capable de lire les CD Audio, et finis les joysticks mono-bouton, peu précis et peu confortables, place au gamepad avec 1 bouton de gestion, 4 touches d'action et 2 gâchettes. Et puis on retrouve tous les composants de l'Amiga 1200, le lecteur optique a le bon gout d'être un 2x et on peut même faire évoluer la console en un véritable micro-ordinateur, comme ses illustres ancêtres.
L'Amiga CD32
Au niveau du look, on ne va pas se le cacher, l'aspect de la CD32 ne casse pas des briques, voir même déçoit. Tout comme l'Amiga, le boîtier d'alimentation est externe mais heureusement pour nous, niveau dimensions, Commodore a fait en sorte de rester dans les clous, impossible de sortir une console gargantuesque comme le furent les micro-ordinateurs. Si la manette arbore pas mal de touches, bien plus que celle d'une Mega Drive par exemple, et que les gâchettes introduites par le pad Super Nintendo reste une excellente idée, difficile de s'extasier sur celle l'ACD32.
Sa forme en pseudo-boomerang inversé est originale mais perturbante (tout du moins au début) et les habituelles prises DB-9 ne sont pas à l'avant de la console, mais sur le côté gauche (étrange pas vrai ?). Mais vous et moi le savons, l'Amiga CD32 n'a pour ainsi dire eu aucun succès ! En premier lieu, pour des raisons juridiques la console n'est pas sortie aux Etats-Unis. De même, elle ne sortira pas au Japon et ce pour 2 raisons : d'abord les japonais sont très sectaires et à l'image des actuelles Xbox, ils ne veulent pas d'une machine américaine.
Ensuite les japonais étaient très attachés à leurs consoles 16-bits (notamment la Super Famicom) et seules les consoles de 5e Génération dites "locales", les feront changer d'avis (PlayStation, Saturn et Nintendo 64). Reste alors l'Europe, principal consommateur de la marque Amiga, mais avec des stocks ultra limités. Vient ensuite le problème majeur de cette console : les jeux ! Car l'histoire est très claire là-dessus : ce sont les jeux qui font vendre des consoles et non l'inverse.
Le gamepad de l'Amiga CD32, sa forme étrange, presque contre-nature, son D-Pad mal fichu et ses touches mal positionnées. Il est considéré comme l'un des pires jamais créé...
Le problème, c'est que l'Amiga CD32 n'a pour ainsi dire jamais été exploité au maximum de ses capacités. Les jeux ont beau tenir sur CD-Rom, la plupart sont des portages issus de l'Amiga 1200, étant eux-mêmes déjà des remasters à peine améliorés des versions Amiga 500. La console se retrouve donc rapidement avec une ludothèque vieillotte de titres déjà connus, voire périmés, et qui n'exploitent absolument pas le formidable espace de stockage du CD-Rom. Pire, la plupart des portages sont livrés "tel quel" depuis l'A1200, ce qui fait que le CD-Rom contient des données allant de 2 à 8 Mo. C'est ridicule et surtout, ça n'incite pas les fidèles de la marque à passer sur CD32.
Bien sûr quelques-uns finirent par tirer parti de son hardware et du CD-Rom (comme Microcosm, Guardian ou Liberation Captive II), mais rapidement la réputation de la console est irrémédiablement ternie car malgré son processeur 32-bits, elle est loin de faire aussi bien que les 16-bits de SEGA et Nintendo. Et ce n'est pas la rétrocompatibilité avec les quelques jeux CDTV qui va arranger les choses (bien qu'on salue l'effort).
La carte mère de l'Amiga CD32
(cliquez pour agrandir)
Enfin dernier problème de cette machine qui décidément n'aura pas eu de chance : son architecture. Exactement comme l'Amiga 1200, l'ACD32 est incapable de faire tourner correctement et rapidement la 3D alors que justement, ce sera l'argument massue de la 5e Génération. Et c'est là qu'on voit de suite le gouffre technologique qu'il y a entre l'Amiga CD32 avec ses petits jeux en 2D, et une 3DO surpuissante qui nous scotche la rétine avec sa 3D hyper détaillée. Vendue au tarif de 2.490 Frs (380€), l'Amiga CD32 est partie sur de bonnes intentions mais fut rapidement vouée à l'échec. Dès sa sortie la Jaguar (de son éternel concurrent Atari) coutait moins cher (200€) et mine de rien, les jeux étaient bien plus ambitieux en termes de 3D. Et que dire de cette fin d'année 1994, qui verra la naissance des Saturn de SEGA et surtout du rouleau compresseur de Sony, la PlayStation, qui écrasera tout et tout le monde, enterrant au passage la plupart de ses concurrents.
La console n'étant absolument pas taillée pour la 3D, les jeux tels que les FPS étaient alors recadrés afin d'améliorer le framerate
Au final, moins de 150.000 consoles furent vendues (c'est ridiculement peu !) et seulement 148 jeux sortirent, dont plus de 70% sont des portages et des remasters dopés au AGA. Les ventes du CD32 en Europe n'ont pas suffi à sauver Commodore, et la faillite fut déclarée en avril 1994. Elle a entraîné l'arrêt du CD32, seulement 8 mois après son lancement. A partir de cette date, c'est la descente aux enfers pour Commodore et la dure réalité pour les "Amigaïstes" : c'est la fin d'une époque. Le déclin du marché des micro-ordinateurs 16/32-bits au profit des consoles et du PC, l'importance du piratage sur le support, l'obsolescence du support disquette et la généralisation du CD-Rom porteront un coup fatal à toute la gamme. Après 1996, et malgré la sortie sporadique de titres ambitieux, l'Amiga ne redeviendra plus jamais une machine de création et de production de jeux, lui qui fut tant plébiscité de 1988 à 1993...
On se souvient tous de la guerre qui opposait SEGA à Nintendo, mais en parallèle, la guerre Atari ST contre Amiga 500 faisait rage ! Au final, ce sont bien les consoles et le PC qui finiront par l'emporter sur les 2 frères ennemis...
Pour plus de renseignements sur la gamme Amiga (des Amiga 1000 et 500 jusqu'aux 1200 et CD32, en passant par tous les modèles intéressants), leurs spécificités détaillées et l'historique de Commodore, je vous invite à lire
notre dossier dédié sur l'Amiga 500 Mini (The A500 Mini) qui prend le temps de bien rentrer dans les détails.
Les Atari ST forment une famille d'ordinateurs personnels conçus par Atari dont le succès commercial a marqué les années '80 et '90. Le succès fut autant grand public (jeux vidéo) que professionnel (traitement de texte, Publication Assistée par Ordinateur [PAO] et surtout Musique Assistée par Ordinateur [MAO]). Le micro-ordinateur Atari ST marque plus particulièrement l'histoire informatique comme la machine ayant permis l'essor de la musique assistée par ordinateur et la démocratisation de la norme MIDI. A l'origine, le terme "ST" signifie
Sixteen/Thirty-two (soit 16/32) qui fait référence à l'architecture mixte 16/32-bits du microprocesseur Motorola 68000 des premiers modèles.
Avant de réellement commencer, sachez qu'à l'image de l'Amiga, il existe toujours des contractions. Ainsi lorsqu'on parle d'Amiga on évoque la gamme créée par Commodore ou plus souvent encore de l'Amiga 500, modèle à succès de la marque. Pour les Atari il en va de même : l'Atari ST fait référence à la gamme ou plus précisément à l'Atari 520ST, modèle de base et de référence de la gamme. D'ailleurs, on peut aussi bien écrire Atari 520ST que Atari 520 ST (ce qui reste tout de même plus clair).
L'Atari 520 ST
Lors de sa sortie en juillet 1985, l'Atari ST se positionne en concurrent direct du Macintosh d'Apple (sorti en 1984). Ce nouveau micro-ordinateur doit devenir le nouveau fer de lance d'Atari qui est alors au plus mal financièrement, suite au récent krach du jeu vidéo (pour rappel, Atari est l'un des principaux acteurs du krach de 1983, une crise sans précédent qui n'a pris fin qu'à la sortie de Super Mario Bros en 1985).
La société vient tout juste d'être rachetée par Jack Tramiel, homme d'affaires très influent à l'époque, et créateur de la société Commodore. Il est étonnant de se dire que Jack Tramiel a fondé Commodore, le concepteur de l'Amiga, puis qu'il sera à la tête d'Atari à partir de la sortie du ST. Il a ainsi participé de près ou de loin aux 2 mastodontes de la micro-informatique. Cette concurrence allait donner lieu à l'une des plus importantes batailles commerciales.
L'Atari 520 ST et son écran monochrome haute résolution (le professionnellement apprécié SM124)
Les possesseurs de micro-ordinateurs européens étaient alors divisés en 2 clans : les utilisateurs d'un Atari ST d'un côté, et ceux ayant un Amiga de l'autre. Si les configurations des 2 machines étaient très proches, le duel se jouait surtout sur les détails, l'Amiga 500 proposant des qualités graphiques et sonores plus novatrices pour l'époque, quand l'Atari ST offre un micro-processeur légèrement plus rapide, un encombrement plus réduit, des prises MIDI et un tarif plus attractif. Devant l'engouement pour la machine, plusieurs jeux vidéo furent originellement développés sur Atari ST tels que Dungeon Master, Le Manoir de Mortevielle, L'Arche du Captain Blood ou plus tard Vroom. Ces titres permirent à la machine de jouir d'une longue durée de vie et de faire jalouser pendant quelques temps les possesseurs d'Amiga.
Atari a aussi été un sérieux concurrent d'Apple. En 1986, la firme à la pomme s'inquiète de l'arrivée de l'Atari ST qui possède des caractéristiques équivalentes (voire supérieures dans certains cas) au Macintosh et qui ne s'interdit pas non plus de concurrencer directement son entrée de gamme (l'Apple II). Très abordable, fonctionnant avec l'interface graphique GEM, et utilisant des disquettes 3,5", l'Atari ST a été surnommé le "
Jackintosh" (jeu de mot entre le prénom de Tramiel et Macintosh) car il se positionnait en concurrent direct (bien que le "form factor" était différent, le ST étant au format "machine à écrire"). Ce sont essentiellement le 520 ST, le 1040 ST et dans une moindre mesure le Mega ST qui ont remporté un véritable succès public.
A son lancement, l'Atari ST coutait 1000$ avec un écran couleurs (environ 6000 Frs) quand l'Amiga coutait environ 8000 Frs pour la même configuration.
L'Atari 1040 ST et son interface GEM
L'Atari ST rencontre rapidement un succès conséquent en Europe, notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Il obtient aussi un certain succès en Australie et au Canada. Aux États-Unis, malgré la popularité de la firme nationale Atari, le ST n'est étonnamment pas largement diffusé, et se voit réduit à un marché de niche (comme l'Amiga) en raison de la concurrence du PC et d'Apple. Fin 1991, l'Atari ST est le micro-ordinateur le plus vendu en France, avec une logithèque très étendue.
L'Atari ST a connu également un énorme succès auprès des musiciens grâce aux prises MIDI présentes en configuration standard, ce qui était une grande première pour un ordinateur grand public à cette époque. Dès 1986, les musiciens plébiscitent l'Atari ST avec notamment l'arrivée du séquenceur Pro 24 de Steinberg. Il permet alors à tout un chacun de construire facilement un "home studio". Il est dorénavant possible de relier un ou plusieurs instruments électroniques compatibles avec la norme MIDI : synthétiseur, sampler, boîte à rythme...
L'Atari ST apporte un confort de travail inouï et performant aux musiciens de l'époque avec son interface graphique autorisant une utilisation intensive de la souris. L'Atari ST, couplé avec un sampler, sonne le glas des toutes premières configurations informatiques musicales jusqu'alors réservées aux musiciens fortunés (comme le Fairlight CMI) et ce, pour un prix drastiquement inférieur. Une multitude de logiciels de MAO apparaissent alors, afin de couvrir divers besoins : séquenceur, éditeur de partition, éditeur de synthétiseur, apprentissage musical, etc. N'importe quel musicien peut dorénavant réaliser des maquettes ou même enregistrer un album complet.
Voici une liste (non exhaustive) des artistes ayant utilisé un Atari ST pour leurs créations : Calogero, Cappella, Culture Beat, Deep Forest, Depeche Mode, Faithless, Gérard Blanc, I AM, Jean-Jacques Goldman, Jean-Michel Jarre, Madonna, Michel Berger, Niagara, Patrick Bruel, Vangelis, Michael Jackson et bien d'autres, façonnant ainsi le paysage audio des années '80 et '90.

En haut un "home studio" articulé autour d'un Atari ST, en bas l'interface graphique du Steinberg Pro 24
Le premier modèle de la série, le 130 ST (doté de 128 Ko de RAM) ne fut jamais commercialisé. Il fut rapidement suivi des modèles 520 ST (512 Ko) et 520 ST+ (1024 Ko). En 1986 apparurent les modèles 260 ST (uniquement en Allemagne) et 520 STm (le "m" signifiant qu'il est équipé d'une sortie vidéo composite pour la télévision). Le lecteur de disquettes 3"1/2 était externe et ne fut intégré qu'à partir de la série des STf (avec un "f" pour floppy) : 520 STf et 1040 STf. Certains modèles combinaient plusieurs sous-fonctions comme le 520 STfm, qui disposait d'un lecteur de disquettes et d'une sortie vidéo composite.
Suivirent en 1989 la série des STe ("e" pour "enhanced" : capacités graphiques et sonores étendues), avec les 520 STe et 1040 Ste, ce qui incitera Amiga à réagir et à sortir son Amiga 500+ en 1991. Les STe (aussi écrit STE) avait la particularité d'être compatible avec le GENLOCK (comme l'Amiga) et d'intégrer un Blitter (comme l'Amiga), un co-processeur graphique 2D visant à décharger le CPU d'opérations comme le défilement ou les mouvements de sprites. Les modèles STe pouvaient également accueillir des extensions de RAM et étaient donc naturellement plus performants dans les jeux vidéo.
En 1991, à destination des professionnels, il y eut les Atari Mega ST et Mega STe, et les portables Stacy et ST Book. Avec l'apparition des microprocesseurs 32-bits est apparu l'Atari TT (TT signifiant Thirty-Two, soit "32" pour les 32-bits du CPU), basé sur le microprocesseur Motorola 68030 (cadencé de 16 à 32 Mhz), équipé de 2 Mo de RAM en standard, extensible à 10 Mo. Enfin, le dernier modèle fut le Falcon 030 (030 faisant référence au nom du microprocesseur Motorola 68030).
Un Atari Mega STe et sa forme assez particulière
Niveau hardware, l'Atari ST s'articule autour d'un omniprésent Motorola 68000 (un processeur 16/32-bits), cadencé à 8 Mhz pour les ST/STe/Mega ST, et à 16 Mhz pour le Mega STe. Côté mémoire vive (RAM), nous avons 512 Ko pour le 520ST, 1024 ko pour le 520ST+ et le 1040ST. Cette RAM n'était pas extensible. Les modèles STe offrait de 1 à 4 Mo et pour cause, sous le micro-ordinateur se trouvait des extensions mémoires permettant d'installer (par paire) des barrettes de RAM type SIMM, d'une capacité de 256 Ko ou 1 Mo. Un Atari STe (quelque soit le modèle) pouvait donc obtenir de 512 Ko à 4 Mo de RAM supplémentaire.
Le chipset sonore (DSP) est un Yamaha YM2149F (3 voies), auquel s'ajoute un convertisseur numérique/analogique stéréo en 8-bits à 50 Khz pour les STe et Mega STe, disposant également d'un équaliseur en temps réel pour le réglage des volumes, des basses et des aigus. L'Atari ST disposait d'un lecteur de disquette au format 3"1/2 double densité de 720 Ko. On pouvait également installer un disque dur externe de 48 Mo à la norme SCSI.
La carte mère d'un Atari 520 ST (cliquez pour agrandir)
Les Atari ST offraient de 3 modes d'affichage : basse résolution en 320x200 en 16 couleurs, moyenne résolution en 640x200 en 4 couleurs et haute résolution en 640x400 monochrome. Le mode haute résolution nécessitait un moniteur spécial (l'Atari SM124) du fait de sa fréquence de rafraîchissement de 70 hz, tandis que les 2 autres modes étaient affichables soit sur une télévision (via la prise péritel), soit sur un moniteur couleurs. Les couleurs sont choisies en spécifiant leurs niveaux de rouge, vert et bleu. Pour les modèles avant le STf, le choix des couleurs se faisait sur une palette de 512 couleurs. Pour les STe et leurs spécifités augmentées, la palette fut étendue à 4096 couleurs.
Des astuces de programmation permettaient à certains logiciels d'afficher plus de couleurs que la normale, en changeant en continu la palette de couleurs, mais cette astuce consommait tellement de ressources systèmes qu'elle était inexploitable par les jeux vidéo.
Vous l'aurez remarqué, l'Atari ST n'est pas aussi bien secondé en co-processeurs que l'Amiga et sa palette de couleurs était à l'origine très réduite (à peine 16 couleurs contre 32 à 64 couleurs pour l'Amiga). De plus, l'Atari ST ne pouvait pas être upgradé avec des cartes accélératrices et les premiers modèles étaient limités en RAM, castrant ainsi ses performances et son évolution. Voilà pourquoi les jeux sont généralement plus beaux et plus performants sur Amiga. Son aspect évolutif, son hardware plus complexe et son lecteur de disquettes de série, justifiaient que le prix de l'Amiga était bien plus élevé.
L'Atari ST est équipé de nombreux connecteurs à l'arrière, sur le côté et même en dessous. On y retrouve un port série, un port parallèle, 2 ports DB9 (pour la souris et le joystick), un port pour lecteur de disquettes, 2 prises MIDI (in et out), une prise moniteur/télévision, un connecteur ACSI pour utiliser un disque externe et enfin un port cartouche, qui servait à diverses extensions (digitaliseurs sonores, carte son, émulateur, clés hardware de certains logiciels...).
Le TOS (pour "The Operating System") est le système d'exploitation des Atari ST. Il a été développé conjointement par Atari et Digital Research. Le système se compose de plusieurs couches. La plupart de ces couches sont dans la ROM qui équipe les micro-ordinateurs Atari, les autres couches sont des extensions qui doivent être chargées depuis un disque lors du démarrage. Le TOS inclut le GEM (Graphical Environment Manager) qui le dote d'une interface conviviale pour manipuler le micro-ordinateur, gérer les fichiers et démarrer des programmes.
Le TOS, ici dans une version évoluée (la v.4.92)
Lancé en 1992, l'Atari Falcon 030 (aussi écrit Falcon030 sans espace) est le dernier né de la famille des Atari ST. Il fut vendu en plusieurs versions (avec 1, 4 ou 14 Mo de RAM !), avec ou sans disque dur. La version 4 Mo avec HDD était vendue à sa sortie 5000 Frs sans écran, ce qui était raisonnable. Le coeur du système est un Motorola 68030 (32-bits CISC) cadencé ici à 16 Mhz. Il développe environ 3.75 MIPS. Contrairement à ce que laissait entendre la brochure de l'époque, le Falcon n'est pas un véritable micro-ordinateur 32-bits, car il reprend l'architecture des ST à savoir un bus de données 16-bits et un bus d'adresses de 24-bits. D'ailleurs le connecteur d'extension est un bus 68000 et non 68030. Seul le processeur vidéo (le Videl) est interfacé en 32-bits avec la RAM. Les performances s'en ressentent, il est impossible de bénéficier du mode "burst" du 68030 et son maigre cache ne suffit pas à pallier ces déficiences.
Heureusement le CPU est épaulé par un DSP Motorola 56001 cadencé à 32 Mhz et qui développe pas moins de 16 MIPS. Bien qu'il soit orienté vers le traitement du son, il est aussi capable de prouesses dans le domaine graphique (calcul de fractales, déformations, projections 3D, décompression JPEG...). Il est même capable (conjointement avec le 68030) de jouer des fichiers MP3 en temps réel, ce qui est un exploit pour une machine de 1992.
L'Atari Falcon 030
Les performances sont malheureusement limitées par la lenteur de la RAM partagée, notamment lorsqu'on utilise des résolutions élevées. Le Falcon peut fonctionner aussi bien sur moniteur que sur TV, et il capable d'afficher 65'536 couleurs simultanément. A noter enfin que le Falcon a abandonné le vétuste lecteur de disquettes 3"1/2 "double densité" (720 Ko) pour un plus récent "haute densité" d'une capacité de 1,44 Mo, format qui s'est largement répandu sur PC.
La sortie du Falcon 030 arrive timidement en 1992 pour remplacer le classique ST, en proposant une machine à vocation multimédia principalement destinée au grand public. Cette machine techniquement innovante mais d'une puissance castrée pêchera par son absence de titres phares et sa logithèque peu fournie. Atari laisse vivre sans réel soutien son nouveau micro-ordinateur qui obtient pourtant un certain succès chez les musiciens grâce à son excellent rapport qualité/prix. Atari concentre alors rapidement toutes ses forces sur la promotion de sa console Jaguar, considérant alors le marché des micro-ordinateurs saturé et sur le déclin face aux consoles de salon côté jeux et face au PC pour tout le reste.
La carte mère du Falcon 030
A partir de 1993, les nouveaux titres vidéoludiques se font de plus en plus rares, ce qui annonce la fin de la présence de l'Atari ST sur le devant de la scène. L'année suivante il s'ensuit progressivement l'abandon de la plate-forme par les revendeurs informatiques. Toutefois, l'Atari ST conservera un noyau d'utilisateurs fidèles, et il restera longtemps utilisé par les musiciens amateurs et professionnels. D'après certaines sources, il s'est vendu 2,1 Millions d'Atari ST dans le monde dont 550.000 rien qu'en France ! Il y a eu environ 18.000 Atari Falcon 030 produits. Peu à peu la guerre opposant Atari à Commodore à laisser place à l'écrasante PlayStation, suivi du PC, les miettes étant ramassées par les suivants (Nintendo 64, Saturn...).
La fin de l'Atari ST a coïncidé avec celle de l'Amiga et a clôturé l'aire des micro-ordinateurs. Désormais c'est le PC qui est partout, qui sait tout faire, qui se veut de plus en plus abordable, modulable et surtout performant, les systèmes d'exploitation Windows (3.x puis 95 et 98) aidant à rendre l'ensemble confortable et accessible. Exactement comme Commodore et son échec à imposer son Amiga 1200 et son Amiga CD32, Atari ne se relèvera jamais vraiment de cette chute soudaine et le Facon 030 tout comme la Jaguar, furent des échecs commerciaux qui emportèrent le constructeur au fond du gouffre...
Le MSX est un standard de micro-ordinateurs à vocation grand public, d’origine principalement japonaise, dont la première apparition date de juin 1983. Contrairement à la plupart des ordinateurs de l’époque, les MSX étaient produits par divers fabricants (Canon, Casio, Panasonic, Philips, Sanyo, Sony, Toshiba) et ils étaient tous compatibles entre eux, aussi bien pour le matériel que pour les logiciels. Plusieurs versions de ce standard se sont succédés mais le MSX2 reste le plus populaire. Le standard MSX était donc le premier système informatique domestique qui ne dépendait pas d'une seule marque, il y avait plusieurs entreprises qui ont rendu les ordinateurs compatibles avec la norme, chacun y apportant son lot d'innovations et de fonctions supplémentaires.
Le Philips NMS 8245
Acronyme de
Machines with
Software e
Xchangeability, le standard MSX fut très populaire au Japon. Son Hardware est basé sur un Zilog Z80 (8-bits) : un processeur modeste et peu cher, mais aux performances tout à fait correctes pour l'époque. Des processeurs supplémentaires pour les graphismes et le son rapprochaient le MSX d'une console de jeux vidéo, au lieu de se cantonner à son simple usage d'outil de travail. Avant le succès de la Famicom (la NES japonaise) le standard MSX était l'une des plate-formes majeures du jeu vidéo nippon, c'est pourquoi il a connu un grand nombre de titres, certains d'excellente qualité, tels que les 2 épisodes cultes de Metal Gear, ceux-là même qui lanceront la célèbre série et feront d'Hideo Kojima un réalisateur reconnu.
Le Canon V-20
Le MSX incorporait un environnement de programmation : le MSX BASIC 1.0 de Microsoft. Il supportait également le système d'exploitation MSX-DOS, en différentes versions, compatible au niveau fichier avec le célèbre MS-DOS pour IBM PC (tous 2 également de Microsoft). MSX-DOS pouvait exécuter des programmes CP/M, donnant accès à une vaste bibliothèque de logiciels professionnels et de gestion existants. Sur chaque micro-ordinateur il avait un emplacement pour cartouche qui permettait de charger des jeux, des programmes ou même des extensions de mémoire et des périphériques. Le port cartouche était directement connecté au bus de données, contrôle, adresses de la machine, ce qui rendait le système très flexible. Dans sa première version, le MSX était livré avec un connecteur pour lecteur/enregistreur de cassettes DATA mais très vite, le lecteur de disquettes, plus classique, fiable et rapide, s'est imposé. Tous les MSX disposait d'un clavier similaire, avec des touches de fonctions (F1 à F10) ainsi qu'une croix directionnelle. Le micro-ordinateur MSX avait une connexion pour moniteur (monochrome vert ou couleurs) ainsi qu'une sortie pour télévision.
Le Sony HB 10P Hitbit
Le premier MSX disposait de 8 Ko de RAM (on pouvait l'augmenter jusqu'à 64 Ko), sa mémoire vidéo (VRAM) était de 16 Ko, son processeur vidéo était un Texas Instruments TMS9918. Capable de gérer 16 couleurs dans une résolution de 256x192, la machine était capable de gérer 32 sprites simultanément. Le MSX2 (aussi écrit MSX-2 ou MSX-II) est une évolution du premier standard. Il est apparu en 1985 et son système d'exploitation est passé en BASIC 2.0. Bien que le CPU reste strictement le même, le processeur graphique fut changé pour un Yamaha V9938, la RAM était de 64 Ko (extensible à 128 Ko), idem pour la VRAM. Ce boost de performances a permis aux MSX2 d'avoir 2 modes d'affichage : soit afficher une résolution de 512x212 pixels en 16 couleurs parmi 512, soit afficher une résolution de 256x212 en 256 couleurs ! De plus, le MSX2 profitait de fonctions accélératrices matérielles intégrées.
Le GPU Yamaha V9938
Le MSX2+ a vu le jour en 1988, et a continué de faire évoluer le standard, tout en restant 100% rétrocompatible. Ainsi le Zilog Z80 est passé à 5,37 Mhz (contre 3,58 Mhz à l'origine), l'OS BASIC est passé en version 3.0, RAM et VRAM faisaient 128 Ko minimum (pour un maximum de 512 Ko), les fonctions graphiques ont évoluées et en option, on pouvait même doper les performances audio grâce à l'ajout d'un Yamaha YM2413.
Enfin en 1990 sort le MSX Turbo R qui dispose toujours d'un Z80 pour la rétrocompatibilité mais fonctionne désormais avec un CPU R800, un processeur CISC 16-bits bien plus puissant que le Z80 d'origine. Le système BASIC est désormais en 4.0, la RAM était soit de 256 Ko soit de 512 Ko selon le modèle, la VRAM était d'au minimum 128 Ko et bien entendu les performances audio et vidéo ont fait substanciel bond en avant, avec par exemple la possibilité d'afficher une résolution de 256x212 en 19.268 couleurs !
Le CPU R800
Toujours apprécié pour sa facilité de programmation (il faut dire qu'il n'y a rien de plus accessible que le BASIC), le standard MSX a également reçu beaucoup de jeux originaux, ainsi que des portages (souvent de qualité) de hits issus de l'Arcade tels que Gradius, Parodius, Puyo Puyo, Zanac ou Yie Ar Kung-Fu. Bien qu'aujourd'hui il est surtout connu pour ses Metal Gear 1 et 2, le micro-ordinateur MSX a fini sa carrière en 1996 mais reste encore très apprécié des développeurs amateurs.
Le Philips VG8020