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Call of Duty était le grand concurrent des Medal of Honor, à savoir un FPS historique calé sur la seconde guerre mondiale. Perso, c'est une période gonflante (parce qu'à l'école on nous a bassiné avec ça pendant de années) et s'il faut en plus se la farcir dans nos jeux, non merci ! Mais ce 4e grand épisode de la série, développé cette fois par Infinity Ward (les épisodes sont développés en alternance avec Treyrach), a totalement viré de bord en proposant une guerre factice et moderne, sur fond de menace nucléaire, qui se déroule à la fois en Ukraine, en Russie et au Moyen-Orient. Résultat, nous avons un jeu qui mélange les genres tout en ayant une dynamique très nerveuse, maitrisée et en gardant l'héritage de la série. Retour à "l'appel du devoir", un devoir comme on aimerait en voir plus souvent...
S'ouvrant sur le superbe
Premier véritable scénario pour la série. Un succès !trailer diffusé lors de l'E3, le jeu ne pose aucun réel loading. Lorsque les briefings entrent en scène, briefings qu'on croirait sorti d'un film Hollywoodien, le jeu en profite pour charger ses données en arrière-plan et use de streaming (chargement des données en continu) afin qu'il n'y ait aucun temps mort pendant les missions. Une habile et intelligente manière de passer le temps dont les autres jeux devraient s'inspirer. Très hi-tech, souvent pourvu de 3D fil-de-fer et toujours agrémentées de vues satellites (on sait maintenant où va notre pognon :), les scènes intermédiaires me font penser au film Ennemi d'Etat (avec Will Smith et Gene Hackman). Il y a aussi quelques cut-scènes qui soulignent un fait important, mais avec toujours une mise en scène à la première personne. Selon les spécialistes, c'est la première fois qu'un Call of Duty s'enrichit d'un vrai scénario et il parvient à franchir ce pas avec succès. 2 points de vue sont proposés, celui de Soap MacTavish, une nouvelle recrue du SAS britannique (c'est avec lui que vous ferez le didacticiel) et celui du Sergent Paul Jackson, de l'USMC américain. Le scénario propose une guerre factice mais ô combien contemporaine, mêlant une menace nucléaire au danger d'un Islamisme extrémiste et fanatique, ainsi qu'un relent de guerre froide avec la Russie. L'héritage de la série est donc perpétué avec ce nouvel épisode, puisqu'on ne sera pas le John Rambo de service. En effet, on n'agit jamais seul mais en équipe, afin d'immerger le joueur dans une guerre superbement réaliste. L'aventure est morcelée avec intelligence et si on prend la peine de prêter attention aux briefings, il n'y aura finalement aucun temps mort entre le début et la fin du jeu. Un jeu qui se termine certes un peu vite (environ 7 heures) mais qui a le mérite d'être nerveux de bout en bout, avec des situations et des conflits à gérer dans l'urgence. Sous ses airs de film de guerre interactif, on accroche immédiatement à cette dissension des pôles malgré les clichés ultra basiques de cette peur musulmane fanatique dopée par un 11 septembre malheureusement bien réel, comme de la sacro-sainte crainte d'une guerre atomique entre les USA et la Russie. N'empêche que ça marche fort et qu'on se sent concerné...
Notre trio gagnant Soap/Jackson/Price,
Merci Infinity Ward... enfin une guerre moderne :)n'est pas aussi manche que dans bien des jeux puisque tout d'abord notre homme saura sauter par une fenêtre (action contextuelle), se servir d'armes fixes ou ramasser n'importe quelle arme laissée par les ennemis ou les compatriotes morts au combat. Dans Modern Warfare (littéralement "guerre moderne"), on ne peut porter que 2 armes, ce qui nous oblige à en changer souvent, selon la disponibilité de ces dernières, les goûts (forcément, on apprécie certaines armes plus que d'autres) ou encore les besoins du moment (comme un fusil de sniper ou un bon lance-roquettes pour réduire en poussière un hélico trop collant). Hyper réaliste lorsqu'on suit le parcours fléché qu'on nous impose, où des scènes monstrueusement impressionnantes se succèdent, il faudra aussi faire avec des scripts très voyants, souvent gênants, héritage de la série depuis ses débuts. Car il faut bien comprendre que les développeurs doivent faire un choix entre un jeu scripté et très axé sur le grand spectacle ou un jeu ouvert où il ne se passe rien. Call of Duty a prit position depuis longtemps. Ainsi presque rien n'est destructible, à part quelques babioles ça et là ou des voitures qui explosent dans un joli feu d'artifice. Mais il est frustrant de tirer au pompe sur une vitre sans quelle se brise, sur un projecteur sans qu'il ne bouge, sur une lampe sans que l'ampoule n’éclate. Idem pour le parcours. Hyper dirigiste au début du jeu, il s'ouvre un peu plus sur la fin mais la différence est minime. Dans Call of Duty comme dans Medal of Honor : Airborne, on ne jouera jamais solo puisqu'on fait partie d'un corps d'armée, d'une équipe qui se complète. Cependant on sera souvent gêné par nos coéquipiers et notre personnage ne peut accomplir aucune action, pas même ouvrir une simple porte. C'est débile ! En fait le script se met en place en rassemblant nos compagnons d'arme autour de nous et l'un d'eux ouvrira la porte, qui sans ça, restera insensible à toutes à vos tentatives, même explosives. Bonjour le réalisme... Mais ça a une bonne contre-partie : il ne se passe rien sans nous, puisque nos coéquipiers nous attendent si on traîne. La prise d'initiative ne sera donc que d'ordre "éliminatoire" où vous pourrez, lorsque le jeu vous en donne l'occasion, fouiller un peu les recoins afin de dénicher des ordinateurs portables, qui ouvrent ensuite à des bonus déblocables (ce que les développeurs appellent les "cheats codes" et qui entre nous, n'en sont pas...). En parlant de déblocage, malgré sa durée de vie très courte en solo, Call of Duty 4 jouit de l'un des meilleurs multi-joueurs qui existe à ce jour et voir l'épilogue débloque le mode Arcade, dans lequel on peut refaire certaines missions avec des objectifs supplémentaires de temps ou de points. Une bonne manière de faire perdurer le titre et son rapport temps/prix, qu'on pourrait juger trop désiquilibré. Cependant, il y a tout de même 2 détails qui m'agacent. Tout d'abord les grenades. Les ennemis passent leur temps à nous les balancer et elles nous tuent en un coup. Normal vous me direz mais le jeu vire vite à l'excès et ces grenades en deviennent pénibles, même si parfois on peut les renvoyer.
Il est d'ailleurs
Le gameplay est simple mais l'immersion atteint un degré insoupçonnéabsurde d'être tué par une grenade frag alors qu'en easy, on peut très bien encaisser une roquette... ça laisse réfléchir. L'autre aspect, c'est que certains passages sont vraiment ardus et demandent qu'on recommence encore et encore. Ça c'est le plus gonflant ! Le plus souvent c'est la faute à un timing trop serré et à des ennemis toujours en surnombre. Pourtant le jeu n'est pas fonciérement difficile et aussi bête que ça puisse paraitre, lorsqu'on bloque la meilleure solution c'est de foncer tête baissée en dégommant tout ceux qui arrivent en face. C'est crétin ? Oui mais le jeu nous y oblige et si la formule fonctionne, autant ne pas s'en priver. Personnellement, j'aurai préféré que ce soit plus équilibré, même si je sais que cette "mise sous pression" sert essentiellement la mise en scène. Bien évidemment ne vous attendez pas non plus à piloter le moindre véhicule. Par contre, le jeu n'est pas avare en sensations fortes et en variations de situations. Entre autre niveaux originaux à temps forts, nous avons l'attaque d'un paquebot sous une pluie battante et par une mer déchaînée qui rappellera sans mal le baleinier de Cold FEAR, le tir chirurgical à la visée nocturne avec dans les doigts une pétoire monstrueuse, le tout à bord d'un bombardier ou encore le niveau tout en "snipe" dans une Ukraine irradiée qui ne sera pas sans rappeler de (très) bons souvenirs aux amateurs du film Shooter avec Mark Walberg (un passage très exigeant mais excellent). Tout ça bien sûr au service de l'action et d'une ambiance énorme qui explose lors du dernier niveau, tant la tension se fait sentir. D'ailleurs, dans le passage en Ukraine, on y verra une sorte de clin d'oeil à S.T.A.L.K.E.R avec ses zones irradiées, son compteur Geiger et ses mercenaires avec masques à gaz. Enfin je vais vous remettre une dernière couche sur les armes et je vais vous parler de l'IA. Globalement, l'armement est convainquant. Il n'y a que des armes réelles (parfaitement modélisées) avec une visée précise et fort agréable. Pas besoin de vider tout un chargeur sur un ennemi, la localisation est largement satisfaisante (les head-shots étant très payants), ce qui rend le jeu que plus crédible. Même blessés par un tir à l'abdomen ou aux jambes, les ennemis continuent à attaquer, tant que la mort ne les délivrera pas de leurs enveloppes charnelles. Une gage de réalisme assez rare pour être souligné, réalisme appuyé par le fait qu'une arme puissante peut traverser le premier ennemi pour toucher celui derrière, et traverse les matériaux de faible résistance (plâtre, bois ou tôle). La visée du sniper est stabilisable en retenant sa respiration et l'effet de recul est bon. Enfin, l'IA est assez convaincante. Certes elle compense quelques faiblesses par le surnombre, mais hormis quelques errances de gogols qui se laissent bêtement shooter ou foncent sur vous sans réfléchir, j'ai trouvé l'attitude des ennemis assez bonne pour ne pas être dommageable. Ils se mettent à couvert, appellent des renforts et cherchent toujours à buter le gars le plus dangereux. Tout ça pour dire que si Call of Duty 4 n'invente rien en matière d'FPS, sa prise en mains est très bonne et sa mise en scène va vous faire vivre une vraie guerre (virtuelle) de l'intérieur.
Pas aussi
Le IW 3.0 assure un magnifique spectacleimpressionnant qu'un Crysis ou un Unreal Tournament III, Call of Duty 4 pose tout de même ses marques et dispose d'un rendu parfaitement en phase avec son temps. Le moteur graphique tourne à merveille et n'est pas si gourmand qu'il y parait. Suffit juste d'avoir une configuration convenable pour pouvoir en profiter dans de bonnes conditions. Personnellement, j'ai crevé le plafond en jouant en 1280x1024 tous détails à fond. Avec ça, le jeu n'a jamais ralenti, preuve qu'il est bien optimisé en plus d'être beau. Un régal. Et je tiens à souligner que j'ai joué sous Windows Vista pour la première fois et que tout c'est très bien passé. En plus, le moteur graphique inclut quelques fonctions assez sympathiques comme le "ragdoll" (gestion de la chute des corps) ou encore un HDR très convainquant, qui nous offre un somptueux jeu de lumière bien qu'un peu brillant (BoS ?). Les modélisations sont de qualité, les textures sont précises, les décors sont splendides et les animations, alliées comme ennemies, sont criantes de vérité (le mode course est très réussi). Si les effets sont chiadés (notamment des explosions et des fumées "volumétriques" superbes, la fierté d'Infinity Ward depuis Call of Duty 2), on retrouve tout de même quelques manques. On peut citer des "peintures" de fond peu détaillées, limite moches et quelques éléments mal dégrossis : les armes que portent les personnages, quelques roues de camion (parfois hexagonales) ou encore quelques textures unies et fortement aliasées. Malgré tout, on ne peut que féliciter Infinity Ward pour le travail rendu, car à part quelques bugs, ce Call of Duty 4 est un jeu magnifique.
L'ambiance sonore
Le son est grandiose ! Il nous plonge en pleine guerre virtuelleest extrêmement chargée : les balles sifflent, les armes percutent avec puissance, les explosions détonnent... tout ça contribue à nous plonger admirablement en pleine guérilla. Le rendu sonore est donc grandiose, explosif et pour nous entrainer encore plus profondément dans l'aventure, Call of Duty 4 dispose une bande-son à la hauteur de son sous-titre, une bande-son encensée par des musiques orchestrales et dramatiques, vraiment magnifiques. Composées par Harry-Gregson Williams (responsable de la bande originale des Metal Gear Solid 2 à 4, et de pas mal de films) et Stephen Barton, les compositions interviennent souvent en plein combat, afin de leur donner le souffle épique dont manque pas mal de titres concurrents. Pour améliorer encore un peu plus cet état de fait, on retrouve un doublage impeccable. Certes il persiste quelques phrases foireuses (notamment celles du didacticiel) mais elles sont rares, la synchro labiale n'est pas à l'ordre du jour (tout du moins pas en Français, en 2007 et sur une si grosse production ça fait tâche) mais la plupart du temps les voix sont parfaitement dans le ton sérieux et parfois tragique du jeu. On retrouve donc un doublage en Français pour nos alliés, des voix superbement doublées où Infinity Ward ne s’est pas trompé sur le casting puisqu'on retrouve des doubleurs issus du ciné comme Emmanuel Karsen (la voix française de Sean Penn). De plus, les voix ennemies sont restées dans leurs langues d'origine (Arabe pour le Moyen-Orient, Russe pour l'Ukraine/Russie), ce qui renforce l'immersion du joueur dans cette guerre quasi-réelle et fortement plausible. Un excellent travail qui fera date.
Call of Duty 4 est sans réfléchir l'un des meilleurs FPS d'une année 2007 pourtant chargée en très bons jeux du genre. Certes il est difficile de passer après Crysis en terme de graphismes, mais Modern Warfare a réussi le pari de m'étonner à chaque instant. Dans une guerre moderne qu'on croirait sorti de l’esprit de maître Clancy, le jeu pose une ambiance somptueuse où on a presque envi de baisser la tête lorsque les balles sifflent. L'immersion du joueur va toujours plus loin, une immersion qu'on aurait aimé moins dirigiste et par moment plus crédible. Mais grâce à des revirements de situations, des rebondissements scénaristiques tel qu'il peut en survenir en temps de guerre, on accroche jusqu'au bout sans lâcher prise. Ce 4e Call of Duty (le 3e développé par Infinity Ward) tient donc le pavé haut du genre et le fait d'avoir délaissé sa pénible de guerre de 40 vue et revue mille fois, lui fait le plus grand bien. Un grand jeu, à n'en pas douter.