La Nintendo 64 (dont le nom de projet était Project Reality, pour devenir ensuite Ultra 64) n'aura pas connu un succès retentissant, car après le monopole écrasant de la NES et de la Super Nintendo, les fans attendaient beaucoup du constructeur. Malheureusement la console ne sortira qu'un an et demi après la PlayStation et la Saturn, et a (une nouvelle fois) imposé le support cartouche pour des raisons d'ajout de co-processeurs, de système de sauvegarde intégré, de solidité, de temps de chargement et surtout de piratage. Alors que la 3D et les vidéos en images de synthèses font leur révolution et que les jeux sont de plus en plus "volumineux", la N64 parait régressiste et sera boudée par la plupart des grands développeurs de l'époque, comme Squaresoft qui sortira finalement son Final Fantasy VII sur PlayStation. L'égo de Nintendo en aura pris un sacré coup et finalement le constructeur nippon sera à 2 doigts de déposer le bilan. Ce qui sauva la société, c'est le longévité intarrissable de la Game Boy ainsi que la sortie, à l'immense succès, de Pokémon.

La Nintendo 64
Car la Nintendo 64 est une console mal fichue et peu puissante : même si elle gérait bien le FSAA (anti-aliasing), les textures étaient généralement floues à cause du procédé d'étirement de ces dernières. Elle gère 2 fois moins de polygones que la concurrence et accuse des procédés marketing un peu minables. Car Nintendo était sacrément ladre en ces temps-là et sa console ne disposait que de 4Mo de RAM principale. Grâce à l'Expansion Pak (un bloc additif), cette capacité passait à 8Mo, ce qui avait pour effet de sensiblement améliorer les performances graphiques de certains jeux. Mais ce bloc additif était indispensable à d'autres, comme Zelda Majora's Mask, sans quoi ils ne fonctionnaient pas. Nintendo a joué les fumistes et ça n'a pas plu aux joueurs (pourquoi la console ne dispose-t'elle pas de 8Mo d'origine ?).

L'Expansion Pak est un bloc qui se glisse dans la console et qui double la RAM de cette dernière (passant ainsi de 4 à 8Mo)
Malgré tout la console aura été remarquable sur bien des points. Tout d'abord c'est la première à avoir remis au gout du jour le stick analogique, car si l'Atari 5200 proposait déjà un joystick analogique dès 1982, cette invention n'avait jusqu'alors jamais vraiment décollé et les consoles continuaient de se cantonner à la croix directionnelle. Le pad de la Nintendo 64 est en forme de trident et il permet 3 positions des mains, dont 2 asymétriques et pour beaucoup, inconfortables. En regardant dessous, on voit que cette manette dispose d'un port d'extension. Il permet d'offrir la désormais incontournable fonction de vibration (via un bloc vendu séparément) mais aussi de disposer d'une Memory Card (il existe également des combos vibration + Memory Card). Il y eu aussi le Transfer Pak, qui permettait de faire communiquer certains jeux Game Boy et Nintendo 64. Tous ces concepts ont ensuite étés repris par la concurrence, preuve du génie dont a fait preuve Nintendo.

Le pad N64, son stick analogique, ses 3 positions, sa multitude de touches et son port d'extension pour Memory Car et/ou kit de vibration. Dommage que le confort et la précision ne fassent pas paire avec l'innovation...
Dernière innovation, le DD64 est un add-on sorti en décembre 1999. Il utilisait des cartouches magnéto-optiques réinscriptibles de capacité supérieure aux cartouches classiques et possédait des services online (ainsi que certaines fonctionnalités comme lire des mails ou télécharger des add-ons : 11 jeux furent compatibles). Son succès fut très limité puisqu'il n'a jamais quitté le territoire Nippon, comme beaucoup d'accessoires un peu farfelus d'ailleurs, et seulement 9 jeux sont sortis dessus (26 jeux ont étés annulés !). Mais la véritable raison de cet échec, c'est que la N64 subissait de plein fouet la concurrence d'une PlayStation au succès insolent, et que seulement 3 mois après la sortie du DD64, la PlayStation 2 voyait le jour, avec l'écrasant triomphe commercial qu'on lui connait. Nintendo n'a pas eu d'autres choix que de développer une nouvelle console, la GameCube.

Le DD64
Malgré le semi-échec de la Nintendo 64 (qui se sera tout de même vendue à plus de 30 millions d'exemplaires, c'est déjà 3 fois plus que la Saturn de SEGA !), la console aura eu une seconde vie auprès du marché chinois. En effet, en 2003 Nintendo ressort sa 64bits sous le nom de iQue Player (alors que le reste du monde joue déjà à la GameCube !). L'iQue Player est une console construite par iQue, une entreprise commune appartenant à Nintendo et à un scientifique américano-chinois, le Dr Wei Yen. La console prend la forme d'une manette directement reliée à la télévision mais les spécifications techniques restent semblables à la machine qu'on connait. Pour éviter le piratage (je vous rappelle que la Chine est le pays-roi de la contrefaçon !), la console est vendue avec plusieurs jeux inclus. D'autres jeux peuvent se charger : ils sont entreposés sur des cartes flash de 64Mo qui s'insèrent directement dans la manette/console. Les jeux sont achetés dans des magasins spéciaux appelés iQue Depot d'où ils sont téléchargés, à la manière du Famicom Disk System (NES FDS). Enfin, plusieurs manettes peuvent être reliées ensemble pour jouer à plusieurs.

La iQue Player, disponible uniquement en Chine
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Les caractéristiques techniques :
Processeur principal :
Reality Engine
Développé par :
NEC
Spécifications :
basé sur la technologie RISC MIPS R4300i - 64bits - cadencé à 93.7Mhz - 8Ko de cache de données - 16Ko de cache d'instructions - un seul pipeline (l'ALU et le FPU se le partagent) mais son efficacité est proche d'une instruction par cycle
Processeur vidéo :
Reality Co-Processor (RCP)
Développé par :
Silicon Graphics
Spécifications :
le RCP contient le RSP (son et graphismes) et le RDP (processeur de rendu) - cadencé à 62.5Mhz
RAM principale :
4Mo de RAM unifiée (CPU + vidéo) - type Rambus DRAM - cadencé à 250Mhz - extensible à 8Mo grâce à l'Expansion Pack
Capacités graphiques :
150.000 polygones/sec - 62 Mega Texels/sec - effets graphique complexes : Z-buffer, Anti-Aliasing, Texture mapping, Bilinear filtering, MIP mapping, Trilinear mip-map interpolation, Perspective-correct texture mapping, Environment mapping, Gouraud shading, Fillrate
Capacités sonores :
stéréo 16 bits
Supports :
cartouche de 512Mb (64Mo) max - disque magnéto-optique (DD64) de 64Mo minimum (en option)
Joueurs max :
4
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